15 juin 2021
Rédigé par Maba Diarra

Je partage avec vous le témoignage lumineux d’Amandine.

Ses mots sont puissants. Au cours de son processus thérapeutique, Amandine a su incarner la pratique de la pleine conscience.
Plus qu’une pratique, c’est une philosophie de l’être pour nourrir ce qu’il y a de plus profond en soi avec douceur et bienveillance. 
Les patients sont plus que des diagnostics, tout comme l’expérience est vaste.

J’ai suivi une thérapie durant un an, car mes émotions me dépassaient et me mettaient mal à l’aise sans pouvoir expliquer mon état.Je vivais des montagnes russes permanentes. 
Je n’arrivais pas à comprendre ce qui clochait chez moi. 
La plupart des gens m’ont toujours trouvée bizarre, et je me suis toujours trouvée en décalage. 
J’arrivais pas à changer, je changeais tout autour de moi en permanence et pourtant je restais avec ce qui n’allait pas à l’intérieur perpétuellement. 
Je reconnais maintenant la résistance et l’aversion que j’avais à vraiment prendre soin de moi, à changer et accepter le bonheur. 
J’avais le cul entre deux chaises.
Tout arrivait en même temps : ma nouvelle colocation, le confinement, me mettre en couple et puis cette pandémie mondiale et ces confinements.
Mon intuition m’a dit que c’était le moment, j’ai accepté de me voir en face et de commencer sérieusement cette longue route avec moi-même. 
Tout d’abord l’alcool, ce sujet profond. 
J’étais une buveuse excessive, je me définissais avec cette substance. 
Pour anesthésier à peu près tout ce que j’arrivais pas à supporter sobre : la colère, l’anxiété, la peur de décevoir, le rejet, l’abandon, la peur de ne pas pouvoir donner mon point de vue, la tristesse, ou juste ne rien ressentir parfois. Toutes les occasions étaient bonnes pour boire un coup en société. Je buvais pour que mon esprit se la ferme. Et il était hyper bavard avec toutes ces nouveautés.
Je buvais aussi pour exploser, dépasser les bornes, oublier un moment les normes et les limites. 
Mon double maléfique devenait le pilote, j’avais une belle excuse pour ne pas être responsable. C’est devenu trop récurrent.
J’ai toujours eu une relation Amour / Haine avec ma sensibilité. 
Je souffrais et je souffrais que les autres ne ressentent pas ce que JE ressens, et puis je culpabilisais de mon comportement. 
Tout était amplifié, j’étais fatiguée d’être une éponge avec les humeurs des autres, de penser que leurs changements de tons ou d’expressions me visaient. 
Un rien pouvait me faire « switcher », je pensais que ce que je ressentais était voulu par la personne en face.
Et puis petit à petit je vais de la honte à la fierté.
J’agis de façon toute nouvelle, je suis aux commandes de ma vie et je sors des automatismes en les reconnaissant.
J’ai quitté l’adolescence insouciante, rebelle et sombre pour m’essayer à la vie d’adulte. 
J’ai pris conscience que mes actes ne reflétaient en rien mes valeurs, que ce que je voulais au fond c’était du calme, de l’authenticité, de l’amour, du sens, du bonheur, de la sécurité…
J’avais tendance à vivre dans l’excès, à accepter des situations où je ne me sentais pas à ma place par peur d’être rejetée. 
J’ai maintenant le courage de dire ce qui est bon pour moi et de respecter mes besoins.
Chacun a sa méthode et ses outils : les miens ont été trois programmes de groupes dont un basé sur la pleine conscience dans les addictions, des retraites de yoga, trois ans de quête de moi-même, du sport, de la méditation quotidienne, un an de thérapie cognitive et comportementale.
Et surtout, SURTOUT, avoir le courage d’avancer sans alcool, sans béquille, sans armure, sans camouflage, sans fuite. 
Enlever l’alcool de ma vie a été très bénéfique, et nécessaire. 
J’en viens à me dire que la société tombera dans le désamour de l’alcool comme la clope.
Est-ce que je vais un jour reboire un verre ? Peut-être
Est-ce que je veux un jour refaire face à une gueule de bois ? Jamais.
J’ai découvert que si je devenais violente, agressive ou suicidaire après des verres c’était l’œuvre de l’alcool et pas de ma vraie personnalité. 
J’ai d’ailleurs cru à un moment que j’avais un trouble de la personnalité. Alors, suis-je borderline ?
Je ne veux plus m’enfermer dans ces boîtes, me coller des étiquettes de diagnostics pour me conforter dans le rôle de la victime. 
Je remplissais quelques critères, sans jamais vraiment croire que j’avais une maladie psychiatrique. 
Les gros débordements émotionnels et surtout les mises en danger ne sont jamais arrivés en étant sobre. 
Mais voilà, ça me permettait de me plaindre sans trop passer à l’action. 
Être borderline me rassurait, je voulais cocher toutes les cases : voilà ma raison de me sentir différente ! 
Je sens profondément que je ne suis pas borderline.
Je vois à présent mes traits de caractère.
J’ai découvert une personne émotive et spontanée, une introvertie parfois extravertie et j’ai beaucoup d’affection pour cette fille-là.
Ma grande sensibilité est également une chance : je ressens tout de manière si forte. 
Tout est beau, tout est bon à prendre.
L’amour, l’euphorie, les disputes, les désaccords, les doutes, le manque, la tendresse, l’enthousiasme, la gratitude, la sérénité, l’émerveillement, l’art, la musique, la beauté des choses, l’âme romantique, les relations affectives intenses et profondes.
Mon compagnon m’aime et je mérite son amour.
On construit quelque chose qui n’existait pas, on se transforme au contact de l’autre.
Et maintenant, je veux utiliser mon obstination inébranlable pour d’autres choses plus saines que des cuites à répétition.
Je crois à présent en ma force divine de vie. 
Je crois en mon âme sœur, en ma famille, en mes amis. 
Je suis consciente de mes qualités et de mes points faibles, je ne cherche plus à les ignorer ou à les cacher.
Je suis juste humaine.
Amandine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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